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La grande muraille électronique de France

internet_massacre.jpgLe monde politique français et Internet, cela n'a jamais été une grande histoire d'amour. Au delà du simple fossé générationnel (Les politiciens restent relativement âgés), il y a une longue rancœur que j'avais déjà évoqué par le passé.

Et bien c'est avec une "joie" incommensurable que j'ai appris aujourd'hui la création de la grande muraille électronique à la Française. (Après la Chine et l'Australie)

Comment faisait-on avant ?

Petit rappel historique. Avant, lorsqu'un site internet était manifestement illégal (contenant de la pédo-pornographie par exemple), on assignait son propriétaire en justice.
Une fois l'accusation avérée, le site Internet fautif était alors retiré. C'est à dire totalement éradiqué de son espace d'hébergement.

Ensuite, pour schématiser, on a étendu ce genre d'obligation à l'hébergeur (qui n'est pas toujours celui qui a conçu le site, mais qui est celui qui héberge physiquement les fichiers du site).

Mais que ce soit le propriétaire ou bien l'hébergeur, le résultat était le même : le site illégal était totalement supprimé de la Toile

Cachez ce site que je ne saurais voir

Mais désormais, c'est une décision bien plus ridicule qui voit le jour. En effet dans le cadre de la loi sur les sites de paris en ligne, il a été décidé qu'un des sites non-agréés (donc illégal) soit, non pas supprimé, mais bloqué.

Autrement dit, le site coupable existera toujours mais votre fournisseur d'accès vous interdira de vous y rendre.

Si, contrairement à moi, vous n'avez pas grandi au milieu d'un Internet libre et que vous n'êtes venu à la Toile que récemment, vous ne réalisez peut-être pas tout ce que cette décision a de choquante.

Tout d'abord, cela ne résout rien : filtrer un site Internet n'a rien à voir avec sa suppression.
Il existe toujours quelque part et il est donc toujours possible de le consulter plus ou moins directement. L'illégalité demeure donc.
Contrairement aux méthodes d'antan, on ne s'attaque pas à la source, donc on ne fait rien du tout pour punir un éventuel coupable.

Ensuite, et même si cela peut vous paraitre négligeable, ce genre de filtrage met à mal le principe même d'Internet. Il convient de rappeler que la Toile est un réseau de réseau. Un maillage d'ordinateur. C'est grâce à ce maillage que cet outil s'est développé jusqu'à devenir de nos jours un moyen de communication incontournable.
Or, à partir du moment où vous altérez ce maillage, où vous placez des barrières, vous détruisez petit à petit ce qui fait d'Internet Internet.

Le premier d'une longue liste

Il est donc probable que ce site de pari en ligne deviendra bientôt le premier site interdit en France (à ma connaissance, il n'en existe pas d'autres).

Cela peut paraitre anodin, car ce n'est après tout qu'un simple site de pari en ligne, mais l'exemple de l'Australie a montré que ce genre de liste noire peut très rapidement dériver et contenir tout ce que le gouvernement veut. (La liste noire australienne contient des sites gays, des sites religieux, des articles de wikipédia, des sites sur l'euthanasie et même le site d'un dentiste. Et ne parlons pas de la liste noire chinoise, bien pire.)

Il fallait bien que la France, patrie de la doctrine sécuritaire à outrance, rattrape son retard.

Que la paix soit avec vous.

Khaos Farbauti Ibn Oblivion

Auteur: Khaos Farbauti Ibn Oblivion

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Breeze (Passant) ·  10 août 2010, 18:47

1984, Brazil, V for Vendetta... On sait tous où cela nous a mené, nous mène et nous mènera.
If you could be told what to see or read, then it follows that you will be told what to say or think. Defend your constitutionnaly protected right. Noone else will do it for you.

Izusa Lakota (Ami) ·  12 août 2010, 08:37

En matière d'informatique on a une grosse tendance à faire du n'importe quoi en France de toute façon...
Faut être lucide, c'est un outil qui terrorise les gouvernements...

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