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Le blog de Khaos Farbauti Ibn Oblivion. Une vision du monde cynique et poétique.

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La France est-elle une dictature ?

En ces temps houleux qui ne font somme toute que répondre aux temps de provocation précédant, durant lesquels se succédaient à la barre de nos vies les prétendants au titre de plus grand égocentrique immature, voici une question qui me semble intéressante à tout le moins de poser : La France est-elle une dictature ?

La question n'est d'ailleurs pas si incongrue puisqu'il me semble même l'avoir entendue soulevée par un quelconque politicien en mal de reconnaissance qui visait sans doute plus par là même une progression de son audience plutôt que de notre intellect. :rolleyes:

Alors ne faisons pas comme lui (ou "eux". Je ne doute pas que dans le populisme crasse, le pluriel est bien souvent de mise.) et concentrons-nous sérieusement sur le sujet.

Qu'est-ce qu'une dictature ?

A l'instar de nos jeunes années, lorsque le bac de philosophie nous attaquait par surprise le lobe frontal (alors que nous nous étions naïvement entrainé à déployer le puissance de notre occiput), il convient de commencer toute notre analyse par une définition des termes.

"Selon le Trésor de la langue française, une dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limite." (Wikipedia)

Alors pour ceux qui n'étaient pas très attentifs en cours d'éducation civique, rappelons qu'en France il existe trois pouvoirs :

  • Le pouvoir législatif : Que détient ceux qui créent les lois
  • Le pouvoir exécutif : Que détient ceux qui mettent les lois en actions
  • Le pouvoir judiciaire : Que détient ceux chargés de juger et punir lorsqu'une loi est enfreinte

Donc, pour simplifier en gros et dans l'ordre : L'assemblée nationale, le gouvernement et les tribunaux (Oui je sais, il en manque. Mais j'ai dit "en gros" :razz: )

Qui possède le pouvoir ?

Or donc, en France, en 2019, qui détient ces différents pouvoirs. Le pouvoir exécutif c'est assez facile, il s'agit du président actuel Emmanuel Macron. Il est certes assisté de ministres (dont le Premier) mais il est de notoriété publique et d'ailleurs affirmé régulièrement dans ses propres discours qu'il ne s'agit en aucun cas de co-décision : A la fin, c'est Macron qui tranche. Il est le plein détenteur du pouvoir exécutif.

Passons au pouvoir législatif. Actuellement l'assemblée nationale est majoritairement constituée du groupe appelé La République En Marche (LREM). Ce groupe détient la majorité absolue, il est donc à même de décider tout seul et se trouve donc être, de fait, le détenteur complet du pouvoir législatif. Le truc c'est que, bien évidemment, LREM n'est pas une entité existant de manière indépendante. C'est là l'une des grandes arnaques de notre système actuel qui tend à faire croire que "groupe à l'assemblée" et "président de la république" sont deux entités distinctes alors qu'elles sont en fait intimement liées.

Le parti politique présente le candidat, il est entièrement constitué autour de celui-ci et durant toute la campagne présidentielle, ils ne font qu'un. Ce n'est que lors du résultat des élections que, par un tour de passe-passe magique digne des plus grands bonimenteurs, le Président fraichement élu est supposé devenir miraculeusement indépendant et "au dessus de tout ça". Il n'en est bien évidemment rien. :rolleyes:

Dans le détail plusieurs scénarios sont possibles, mais pour ce qui concerne la situation actuelle il est là aussi admis et régulièrement affirmé qu'Emmanuel Macron se positionne au sommet de LREM. Il en est le décideur.

S'en suit que nous avons donc un deuxième pouvoir, sur les trois au total, dans les mains d'un même homme. Le grand chelem n'est plus très loin ! 8)

Reste donc le pouvoir judiciaire. Et force est de constater que ce pouvoir là, Emmanuel Macron ne le détient pas.
Alors certes oui, depuis des nombreuses années la classe politique a à cœur de noyauter le bastion de la justice, sans doute parce qu'elle ne connait que trop bien les sanctions qui l'attendent si par malheur ses malversations devenaient un peu trop visibles. Mais, parce que les calendriers de nomination diverges, parce qu'il y a tout de même eu un gros effort d'isolation au départ lors de l'invention de notre république et parce que, allez, on va dire qu'il nous reste collectivement encore un peu de bon sens, le Président de le République ne détient pas le pouvoir judiciaire. Notre tiercé tombe à l'eau. ;(

Il y a une influence, indéniable autant qu'inavouée, mais influence seulement. Pas de possession directe.

Qui sont les contre-pouvoirs ?

L'hypothèse d'une dictature semble soudain battre de l'aile, car si notre Président ne détient pas tous les pouvoirs, c'est donc qu'il existe des contre-pouvoirs. Parmi lesquels figureraient logiquement... la justice ?

Ah oui, mais non ! Parce que notre république actuelle a tout de même été inventée par des politiques, et non par des individus guidés par l'altruisme et le devoir, ils en ont tout de suite vu les failles. C'est pourquoi notre Président a acquis l'immunité. Hop, chat perché, la justice n'a plus aucun moyen de l'empêcher d'agir. 8)
Certes mais vous me répondrez que si le pouvoir judiciaire ne peut agir contre le président lui-même, il peut néanmoins agir sur les personnes autour. Et c'est tout à fait exact. C'est d'ailleurs pour cela que l'on compte très exactement zéro ministre en prison actuellement. Et un nombre à peine plus élevés de reconnus coupables. Parce que, oui, entre la théorie et la pratique on observe tout de même un écart certain. :/

On retrouve également l'influence indirecte déjà citée exercée par le détenteur des autres pouvoirs. Pour ne citer que la plus évidente : Difficile pour la justice d'exercer quelque action que ce soit à l'encontre d'un homme politique quand celui-ci détient les cordons de la bourse et l'a déjà amputé d'une part très éloignée du négligeable de son budget. Quand il faut déjà plusieurs semaines/mois pour juger les affaires courantes, le temps consacré à mettre hors d'état de nuire les malveillants plus "protégés" rend la tache ardue.

Le contre-pouvoir judiciaire étant désamorcé, qui reste-t-il ? L'adage veut qu'il y ait la presse, au sens large. C'est à dire aussi bien les journaux que les chaines d'infos continues et les rédactions de journalistes sur le web.

C'est à ce moment que l'analyse passe du factuel au subjectif. :D

Peut-on dire que la presse est, en 2019, un contre-pouvoir ? Assez difficilement quand même. Pour tout un tas de raison mais sans doute principalement pour quelque chose d’extrêmement terre à terre : La course à l'audience. Cette concurrence éternelle entre médias fait que l'important n'est plus tant la recherche de vérité que la sensation et le dramatique. Alors oui, à la marge, cela peut se retourner contre la classe politique mais c'est tout de même assez rare.
Et cela reste de toute façon un contre-pouvoir sans crocs réels puisque chaque jour apportant son lot de révélations, le citoyen ne les écoute plus que d'une oreille peu attentive pour l'oublier dans l'heure. Tandis que la justice, comme dit avant, ne pourra jamais traiter l'affaire dans un temps pertinent.

Verdict ?

Nous avons donc un homme détenant les 2/3 du pouvoir absolu, et n'étant restreint que par un léger contre-pouvoir. La France est-elle donc une dictature ? Manifestement non si l'on s'en tient à notre définition de départ.
Par ailleurs, nombreux seront les personnes qui rappelleront qu'en France nous votons, exerçant ainsi notre super-pouvoir tranchant et définitif de citoyen.

La France est donc d'abord et avant tout une démocratie... Comme toutes les autres dictatures ! ;)

Que la paix soit avec vous.

Khaos Farbauti Ibn Oblivion

Auteur: Khaos Farbauti Ibn Oblivion

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