Je préfère quand vous dormez
Publié le dimanche 08 décembre 2019, 00:13 - modifié le 07/03/24 - Recueil - Lien permanent
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Je préfère quand vous dormez.
Quand vous êtes réveillés, vous vivez, dansez, chantez, hurlez.
Sous le soleil vos humeurs croissent, grossissent, emplissent le vide de l'espace qui nous sépare.
Je vous entends, je vous vois, je vous ressens. Je vous observe et me glisse au milieu de vos envies, de vos sentiments.
J'ai pris l'habitude d'appeler cela empathie.
Car vos cris m'envahissent et je me joins à vous pour les clamer. Je comprends la moindre lettre de votre déclaration d'existence face à l'univers. J'en parcours chacun des liés et déliés. Je communie avec la moindre de vos ponctuations.
Et lorsque la rage s'empare de vous, elle s'empare de moi également. Vos flammes soufflent sur mes braises et agitent mes propres démons. Votre colère devient la mienne. Et j'aboie avec vous sur ce qu'il convient d'aboyer pour ce cycle de soleil là. Puis pour le suivant.
Vos émotions balayent mes pensées, en tempête assourdissante réclamant sacrifice. Nous sommes assoiffés de sang, cherchant ensemble l'agneau du jour. Cette bestiale communion qui assure à notre espèce sa balbutiante longévité. Nous entre-dévorant joyeusement en un amas de chair informe mais étonnamment immortel.
Quand vous êtes réveillés, je suis nous. Un groupe, un pays, une société.
Alors pour enfin retrouver mon humanité, je préfère quand vous dormez.