3, le tigre, chapitre I (suite)
Publié le jeudi 11 mars 2010, 15:22 - modifié le 11/03/10 - Recueil - Lien permanent
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L'homme qui pénétra dans la pièce semblait peu assuré. Il était vêtu sobrement mais avec soin. A l'évidence il avait mis un point d'honneur à porter des vêtements propres et correctement repassé.
Un garde l'avait accompagné jusqu'ici mais ne franchit pas la porte. C'était bien mieux ainsi de l'avis de Nikolaï, quoi qu'en dise les directives de sécurité.
D'un geste il invita l'homme, son patient, à s'asseoir.
Hans Säbelzahn. Ce fut pendant longtemps la seule information que contenait son dossier.
Lorsqu'il était arrivé à la clinique, il ne lui restait aucun papier, était couvert de sang, ne se souvenait de rien et ne parlait pas un mot de Russe.
Grâce à une première enquête, les autorités avait pu rassembler une partie de son histoire : Il s'agissait apparemment d'un touriste allemand participant à un voyage organisé, ici, à Moscou. Un soir, il avait été porté disparu.
Sa famille avait alors lancé des recherches mais sans résultat. Il faut dire que des disparus dans les rues de Moscou, c'était monnaie courante. La police s'attendait donc à retrouver son cadavre quelque part un jour ou l'autre.
Mais c'était vivant, bien que clairement instable psychologiquement, qu'il avait été amené dans la clinique.
Depuis, Nikolaï en avait appris un peu plus grâce à un long travail d'apaisement, d'échange et d'analyse avec son patient.
Hans avait subi un traumatisme qui l'avait tout d'abord rendu amnésique. Il avait refoulé longtemps les souvenirs de cet évènement. Et puis, à force de patience, Nikolaï avait vaincu ses défenses et l'avait amené à parler.
Le sang qui couvrait Hans à son arrivée était celui d'un sans-abri, que la police avait finit par retrouver, mort, dans un ruelle éloignée du centre-ville. D'après M. Säbelzahn, le clochard lui avait sauté dessus sans motif apparent. Hans s'était défendu du mieux qu'il avait pu mais avait alors été trainé dans cette ruelle.
C'est à partir de cet instant que le récit de Hans devenait incohérent, probablement à cause de la culpabilité qu'il ressentait en lui. Il soutenait en effet que le clochard avait sorti une arme blanche et s'était tranché lui-même la gorge. Hans s'était alors précipité, par réflexe, pour tenter de sauver l'homme.
Il n'y était pas parvenu.
Bien sûr la police n'en croyait pas un mot. Les empreintes de M. Säbelzahn avait été retrouvé partout sur la scène du crime et une analyse du sang sur ses habits avait clairement démontré qu'il s'agissait de l'ADN du clochard.
Il restait à Nikolaï à déterminer l'état psychologique de Hans pour clôturer le dossier et, probablement, l'envoyer derrière les barreaux.
Nikolaï Ivanov observant quelques instants les yeux de son patient. Il restait une énigme dans tout ceci. Car même si les mécanismes de refoulement pouvaient provoquer une altération des souvenirs et transformer un meurtre en suicide, les séances précédentes auraient du faire ressurgir la vérité.
D'autant plus qu'il était quasiment certains qu'il s'était agit de légitime défense. Son patient était véritablement un touriste, avec une famille et une vie ordinaire, et n'avait absolument aucun motif pour accomplir un meurtre.
Pourquoi tenait-il tant à ce que le clochard se soit donné la mort lui-même ? Cela ne collait pas, il y avait quelque chose caché derrière tout ça.
Quelque chose que Nikolaï voulait découvrir.