Tout le bonheur du monde 2.0

Le blog de Khaos Farbauti Ibn Oblivion. Une vision du monde cynique et poétique.

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Glouglou World : Acte V

...

Le lendemain, Calvin changea donc de direction et fit marche vers le soleil levant. Lorsque le soleil parvint à son zénith, Calvin distingua une forme sombre sur la ligne d'horizon.
Il se mit en mode "Hubble" et distingua dans l'objectif un gros oeil. Intrigué, il dézooma et reconnu sans peine le paisible mammifère smobyvore. Il déboucha la mise en action de ses moteurs de paquebot et fut en un clin d'oeil aux côtés de la baleine.

C'est alors qu'un incident imprévisible se déroula sous les yeux impuissants de Calvin. La baleine, qui nageait paisiblement aux alentours du catamaran, tenta un saut par dessus le voilier. Or, tout un chacun sait que les baleines bondissent la bouche ouverture (vous me suivez?).
Alors que la baleine se trouvait au dessus du bateau, le chien, sujet au rhume depuis son emploi (dans l'eau froide) de moteur, fut la proie d'un violent éternuement. De ce fait, une violente détonation retentit et une tempête se leva. Le vent violent s'engouffra dans la bouche ouverte de la baleine, qui tripla de volume, gagnant l'occasion d'être plus légère que l'air.
Calvin, sous le choc de cet étonnant spectacle, recula, et percuta involontairement le bouton "reconfiguration de la voilure". Cette opération mobilisa des cordages et des voiles, et la baleine, juste au dessus, se trouva solidement emberlificotée.

Le catamaran se détacha alors de la surface de la mer.

Le mouvement ascensionnel se poursuivait, et Calvin jugea prudent de mettre son navire en mode "nacelle". Son catamaran prit la forme d'une sorte de panier, que surmontait l'énorme baleine, rassasiée des 10000 Smobys. Le "dirigeable" se stabilisa à 50 mètres.
Calvin Costnèrderien dut se rendre à l'évidence: sans vent (et c'était le cas), il était bloqué dans les airs, à 50 mètres d'altitude. Il examina donc la situation, et découvrit, à son grand amusement, que lorsqu'il tirait la nageoire gauche, la baleine crachait un Smoby à intervalle régulier. Et plus, il tirait fort plus rapide était la cadence de crachement.
Calvin découvrit que ce divertissement offrait un côté pratique. En effet, chaque Smoby expulsé faisait avancer l'aérostat d'une dizaine de mètres, mais aussi le faisait grimper de quelques centimètres à chaque fois. Il installa donc une commande qui le reliait directement à la nageoire et fit honneur à son nouveau moyen de locomotion en le mettant en application. Il se stabilisa en vitesse de croisière, c'est à dire à peu à peu près à deux smobys / seconde.

C'est alors qu'un curieux détail ne manqua pas d'attirer son attention. En effet, au loin, il aperçut une vague de forme et de couleur étrange: celle-ci, de fait, n'était pas couleur de fût radioactif vert fluo teint en pourpre de mer mais plutôt marron-cendré.
Puis après quelques instants d'observation, un autre détail le troubla: cette vague ne bougeait pas.
Intrigué par cette masse sombre, Calvin agita frénétiquement la nageoire-propulseur de la baleine-dirigeable. Cette dernière quelque peu outré par ces tiraillements intempestifs entama derechef une grève de la propulsion. Afin de faire connaitre ses revendications, elle ouvrit alors dans la bouche très grande.

Bien mal lui en prit. C'est donc à vitesse grand V que Calvin arriva en vue de la vague sombre, la survola, la dépassa et la vit s'éloigner à l'horizon.

Il eut quand même le temps de s'apercevoir que cette vague n'en était pas une, mais un amas de terre de dimension importante (du moins, autant qu'on peut l'apprécier à 100.000 km/s). Enfin, il sentit plus qu'il ne vit, que la vitesse diminuait, qu'il descendait , qu'il touchait l'eau, et puis que quelque chose de TRES lourd s'écrasait sur sa tête. Calvin sombra dans l'inconscience.


Il ouvrit un oeil, puis un deuxième. Il les referma aussitôt après avoir vu ce qu'il l'entourait. Mais la cruelle réalité s'affirmait. Il ne pouvait la refuser.

L'environnement dans lequel il gisait ne lui était pas familier.

Il était allongé sur une espèce de "terre" (cette étrange matière était très prisée des commerçants d'atolls et lui avait été montrée par un autre vagabond de la mer: ce dernier l'avait vendu pour une somme abyssale et ce détail marqua profondément Calvin). Cependant, cette terre était jaune, presque blanche, et beaucoup plus fine.
Un grondement familier lui rappela que sa mer maternelle était toute proche. De fait, elle léchait le rivage, à deux pas de là. Calvin se leva et s'efforça de tenir debout, tant bien que mal , sur ce sol étrange.
Il se retourna dos à la mer et aperçut d'étranges constructions: des tiges brunes sortait de la terre blonde et étaient surmontées de plaques vertes en forme de croissant. Aucune trace de son navire, de son chien, de la baleine. Tout ce qu'il possédait était la télécommande du catamaran, et un vieux fusil-harpon.
Des silhouette furtives émergèrent des plaques vertes, sautèrent sur le sol siliceux, et se jetèrent sur Calvin. En un clin d'oeil, il fut ficelé, et trainé vers les tiges brunes (qu'il identifia au passage comme étant des végétaux). On l'entrainait au coeur de toute une jungle végétale jusqu'à une clairière.

Une gigantesque cité trônait dans cette clairière, et, en son centre, se trouvait un petit point d'eau. Cette cité, essentiellement construite d'épaves métalliques, n'était pas sans rappeler les atolls artificiels. Chose étrange, on libéra Calvin qui, indécis, marcha vers le point d'eau. Arrivé à son bord, son harpon à la main, il se retourna. Aussitôt, il sentit des milliers d'yeux qui le fixaient intensément. Il hurla. Ce monde étrange, ces yeux, cette ville, tout cela son esprit ne put le supporter, et il sombra de nouveau dans l'inconscience.

Ses mains rencontrèrent le sable et il s'éveilla.

Une foule intriguée se pressait autour de lui, braquant ses regards interrogateurs sur le rejeton. Soudain, la foule se divisa. Calvin s'assit et un vieil homme surgit de la foule divisée. Calvin fit mine de se lever, mais le vieil indigène lui ordonna de se rasseoir d'un geste explicite (Calvin l'avait maintes fois utilisé pour faire signifier "au pied" à son chien). Il prit la parole d'une voix assurée mais d'un langage hésitant:

"Nous sommes des terrestres. Mais vous qui êtes vous?"

L'homme avait un fort accent, et Calvin ne comprit rien. Il essaya alors d'engager la conversation de manière plus conventionnel mais le "Kei skeutufoula?" rituel eut l'air de plonger l'indigène dans un abime de réflexions. Calvin allait tenter un autre ouverture lorsqu'il aperçut au loin un étrange animal. "poule" lui précisa l'indigène. Calvin tendit alors une main afin de toucher l'étrange chose qui était de la même taille que son chien, mais qui n'avait que deux pattes, et qui avait l'aire d'être tombée, enduite de goudron, dans un tas d'oreillers percés. Le gallinacé, outragé de tant d'ardeur, mordit cette main à pleine dents et s'en fut en poussant un cri tonitruant. La scène provoqua un élan d'hilarité chez les indigènes, et l'atmosphère se détendit.

On invita Calvin à l'intérieur d'une hutte afin qu'il raconte son histoire à la tribu. Calvin, fin conteur, sut trouver le ton qui émut l'assemblée, et pas un ne retint ses larmes lorsqu'il leur apprit que son fidèle chien avait disparu. La soirée se termina par une agréable fête, et Calvin, fatigué, dormit paisiblement cette nuit là.

A suivre...

Khaos Farbauti Ibn Oblivion

Auteur: Khaos Farbauti Ibn Oblivion

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