Souvenirs, souvenirs
Publié le mercredi 18 septembre 2013, 15:48 - Vie publique - Lien permanent
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Je sais que parmi mes lecteurs, occasionnels autant que réguliers, beaucoup souffrent de phase dépressive, à la longueur variable.
C'est là une des conséquences les plus évidentes de notre monde hyper-individualiste. Entre autres choses.
Quand la déprime me saisit je vois généralement le monde à travers un prisme morne et gris. (Non pas qu'il soit si chatoyant que cela à l'état naturel : L'humanité, que j'ai beau tellement admirer, est avant tout constituée d'humains qui sont, à mon regret, de véritables connards.)
Dans ces moments là, les douleurs et les angoisses se battent entre elles pour avoir la primauté de mon attention même si le résultat est au final le même : Une tristesse à la profondeur insondable qui emporte toute raison sur son passage. Un puits sans fond que rien ne semble jamais pouvoir combler.
Mais au hasard d'un sensation, d'un instant, surgissent aussi des souvenirs. Certains aussi désespérant que l'on peut s'y attendre au milieu de ce climat de pensées morbides. Mais pas tous.
Certains nous prennent par surprise, à la faveur d'une évocation, d'une association, dont seuls nos neurones si chaotiques ont le secret.
Le ruissellement de l'eau sur le carrelage qui ouvre une porte imaginaire sur une piscine d'enfance, le tintement d'une clé qui fait surgir l'image du tremblement d'une main ouvrant une porte.
Des fils tellement fins mais qui, on ne sait comment, ramènent à la surface de notre conscience des moments gravés éternellement dans nos mémoires.
Car quelque soit notre part de malheur, aussi grand soit-il, nous sommes malgré tout les gardiens de souvenirs heureux.
Nous avons, tous, en nous ces petits moments de bonheur, partagés ou non.
On y trouve pèle-mêle des morceaux de vie de défunts, des paroles emplies de sagesses, des sensations délicieuses et même passionnées, de l'amour, des rires, des échanges...
Et toutes ces choses font de nous ce que nous sommes.
Après ces fugaces apparitions, le monde reste ce qu'il est. La douleur ne change pas. Rien n'est résolu.
La dépression n'abandonne pas si facilement.
Mais pourtant tout est subtilement différent car ces bonheurs dont nous sommes les gardiens, nous avons soudain conscience que rien ni personne au monde ne pourra nous les prendre.
Ils sont à nous éternellement.
Que la paix soit avec vous.