Tout le bonheur du monde 2.0

Le blog de Khaos Farbauti Ibn Oblivion. Une vision du monde cynique et poétique.

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3, le tigre, chapitre IV (suite)

Le contact soudain d'une main sur son épaule arracha Piotr à sa contemplation.

"Vous allez bien ?" entendit-il.

A coté de lui se tenait un membre de l'équipe médicale, tandis qu'un peu plus loin des infirmiers se penchaient sur le corps de Iakov : "Il est mort", déclara l'un d'eux. "Lui aussi" répondit une autre voix depuis le Hummer.

"- Officier ? Vous allez bien ?". L'infirmier à ses cotés se faisait plus insistant.
- Je... Oui je crois que ça va, se ressaisit Piotr, je suis un peu désorienté mais ça va passer"

Son interlocuteur lui indiqua une ambulance qui venait de franchir le barrage de police.

"- Allez vous asseoir quelques instants, mes collègues vont vous examiner"

Piotr acquiesça de la tête et alla s'installer à l'arrière du véhicule.

Les ambulanciers l'auscultèrent rapidement mais il semblait n'avoir aucune séquelle de toute cette expérience. Après quelques minutes de repos, ce fut finalement le chef de Piotr qui vint le voir : "La journée a été rude, rentrez chez vous. Nous allons nous occuper de la famille de Iakov."

Une fois encore, Piotr se contenta de hocher la tête et de faire ce qu'on lui disait. Les événements l'avaient épuisés et il était incapable de rassembler suffisamment son cerveau pour faire le point.
Pour l'heure, il n'était bon qu'à suivre les directives et c'est d'une manière presque automatique qu'il regagna le poste de police, reprit ses habits civils et finalement rentra chez lui.

Piotr vivait dans un appartement de banlieue. L'immeuble était peu engageant mais l'intérieur, bien que vieillot, n'était ni insalubre ni même miteux. L'endroit était en fait plutôt confortable si l'on faisait abstraction des voisins parfois un peu bruyant.
C'est ici que Piotr avait grandi et c'est là qu'il vivait encore avec sa mère.

Elle n'était plus toute jeune et radotait souvent mais son principal handicap était un cancer qui, lentement mais sûrement, la rongeait de l'intérieur et lui imposait de rester au lit la plupart du temps.

Pendant plusieurs années, Piotr et sa mère avait lutté autant que possible contre la maladie. Mais le salaire d'un policier n'était pas si élastique et un jour les médecins avaient clairement fait comprendre à Piotr que, au vu de l'age de sa mère, il serait plus sage de consacrer son argent à profiter du temps qu'ils leur restaient plutôt qu'à retarder l'inévitable.

Et c'est bien ce qu'ils avaient fini par faire. Depuis un an, sa mère ne subissait plus la douleur des traitements médicaux et s'éteignait doucement d'une fatigue grandissante.

Ce n'est qu'une fois assis sur la chaise de la cuisine que Piotr reprit lentement ses esprits. Il voulait faire le tri dans sa tête avant de déranger sa mère. Il ne souhaitait pas l'angoisser.

Faute d'interlocuteur, Piotr se mit à parler tout seul à voix basse pour faire le point :

"Eh bien mon vieux Piotr, une nouvelle journée ordinaire dans la vie d'un flic ordinaire hein ? se murmura-t-il tout en se servant un verre de vodka. En tous cas, voilà un fou du volant qui ne fera plus de mal à personne. 1-0 pour la paix dans la monde !"

Il but son verre d'une traite puis se resservit.

"Et celui-là il est pour toi, Iakov. Puisses-tu bien rigoler là-haut !"

Il vida son verre aussi vite que la première fois et le re-remplit derechef.

"Un autre pour toi Maman, tu as élevé un héros qui travaille chaque jour à la sûreté de la ville."

Il porta le verre à ses lèvres mais s'interrompit. Une pensée venait de surgir dans son esprit. Une pensée qui n'était pas vraiment à lui, qui n'était même pas vraiment une pensée... Plutôt comme une voix.

Une voix qui disait : Je peux la sauver.

Khaos Farbauti Ibn Oblivion

Auteur: Khaos Farbauti Ibn Oblivion

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