3, le chat, chapitre V (fin)
Publié le vendredi 22 janvier 2010, 12:04 - modifié le 22/01/10 - Recueil - Lien permanent
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Linda resta quelques instants à observer sa main fixement tandis que Blake ramassait le poignard sur le sol. Ce faisant, le pendentif qu'il portait à son cou se mit à pendre dans le vide.
Alors que son regard tomba dessus, un frisson parcourut le corps de Linda. La simple vue de l'objet la mettait mal à l'aise. Elle se rappela qu'elle portait un médaillon identique et en fut surprise : Elle se rendit compte inconsciemment elle avait fait son possible pour ne pas y penser, pour oublier l'emblème familial.
Maintenant qu'il occupait à nouveau ses pensées, elle se sentait oppressée par sa présence. Il était désagréable à porter et son poids l'étouffait.
D'un geste réflexe, elle voulut saisir le pendentif pour l'éloigner de sa poitrine. Mais à l'instant où ses doigts rencontrèrent le métal, une décharge de douleur jaillit en elle. C'était une brulure intense, la même qu'elle avait ressentie durant la cérémonie.
Elle poussa un cri de douleur qui fit sursauter Blake. Celui-ci releva la tête et vit le geste qui l'avait déclenché.
"Il faut faire votre possible pour ne pas y toucher, déclara-t-il avec une pointe de tristesse dans la voix. Avec le temps la douleur s'atténuera et vous finirez par en supporter le contact mais toute tentative de le retirer de votre cou se soldera par une intense sensation de brulure."
La douleur faisait monter les larmes aux yeux de Linda mais elle s'aperçut que le moine avait raison. Si elle se forçait à ignorer le médaillon et à ne pas en approcher ses mains, la douleur diminuait.
"- C'est le truc là... le "Fauve" qui provoque cette douleur, demanda-t-elle ?
- Non il s'agit d'autre chose, répondit Blake. Laissez-moi vous expliquer : Le Fauve n'a pas toujours été dans votre famille. Le premier de vos ancêtres a l'avoir reçu s'appelait Kannto.
Nos archives en sont pas claires sur la manière dont il l'a obtenu mais ce qui est certains c'est que, pour lui, le Fauve ne fut pas un don. En effet, quelque temps après l'avoir acquis, on raconte qu'il devint un homme terrible et cruel, autant que puissant.
Il commit de nombreux méfaits jusqu'à cette nuit fatidique où il massacra une troupe d'élite du Roi appelé les Chevaliers de l'Eguemarine. Il ne les tua pas de manière honorable, sur un champ de bataille, mais sournoisement au milieu de la nuit alors qu'il leur avait offert l'hospitalité de son château.
Une fois ce corps d'élite décimé, il affronta alors l'armée du Roi au cours de sanglantes batailles.
La puissance que lui conférait le Fauve faisait de lui un homme redouté et dangereux autant pour le Roi que pour sa propre famille. Sa femme, elle-même, faillit périr de sa main.
Alors un homme, que nos archives surnomment Phoenix, apporta au seigneur Kannto un médaillon particulier. Un médaillon comme le vôtre ou le mien. Ce pendentif a la faculté de contenir le Fauve, afin de rendre sa puissance contrôlable.
Sans le médaillon le seigneur Kannto était un destructeur, mais grâce à Phoenix, il devint capable de transformer cette force en actes bénéfiques.
Kannto comprit l'horreur de ses actes et passa ensuite de nombreuses années à réparer ses torts. Le Fauve, contrôlé par le médaillon, lui donna les moyens de le faire. Puis il fonda notre ordre, l'Ordre de l'Eguemarine, en hommage à ceux qu'il avait massacré. Ils nous apprit le secret de la fabrication du pendentif et nous confia la tâche de surveiller ses descendants pour qu'une telle horreur ne se reproduise jamais."
Blake marqua une pause et désigna le chat stylisé.
"- Ce médaillon transforme la malédiction de votre famille en bienfait. Il combat en permanence le Fauve qui est en vous pour n'en laisser que les aspects positifs. C'est pour cela que votre médaillon, ainsi que le mien, vous sont désagréables et qu'un contact peut vous paraitre douloureux. C'est en fait le Fauve qui est en vous qui souffre.
Avec le temps, vous parviendrez à dissocier la douleur du Fauve de la vôtre et la rendre ainsi plus supportable. Mais il vous sera toujours impossible de retirer le pendentif."
Linda réfléchit à ces paroles.
"- Lors de la cérémonie, j'ai eu un moment la sensation d'être plongée dans le noir. Et j'ai alors vu plusieurs étoiles à l'éclat désagréable autour de moi...
- Il s'agissait sans doute des différents médaillons se trouvant dans la pièce. Le mien, celui des autres frères... et celui que vous portez désormais.
- Il y avait aussi des voix...
- Des voix ?"
Blake parut gêné quelques instants puis déclara :
"- Il arrive parfois que le Fauve se manifeste à son porteur par une sorte de voix... commença-t-il.
- Non, il s'agissait de quelque chose d'extérieur.... Qui semblait m'appeler..."
Le jeune moine paraissait de plus en plus embarrassé. A l'évidence, il savait quelque chose mais paraissait hésiter sur la conduite à tenir.
Enfin après quelques secondes de réflexions, il se décida à parler :
"- Il existe, au sein de l'Ordre, un courant qui affirme que Phoenix n'a pas seulement inventer les pendentifs. Certains pensent que même sous l'influence du médaillon le Fauve était encore trop dangereux et que Phoenix a été contraint de faire beaucoup plus. Il aurait "découpé" le Fauve en deux et n'aurait laissé que la moitié la plus faible au seigneur Kannto. L'autre moitié aurait été placé quelque part à l'autre bout du monde.
Nous disposons de quelque témoignages parmi vos ancêtres qui tendent à confirmer cette théorie. A plusieurs reprises, le porteur du Fauve a semble-t-il eu à fuir devant un individu qui le traquait et possédait une force identique à un porteur.
Mais cela n'est plus arrivé depuis que la famille Catherine s'est installé en Amérique.
- Cette voix, ce serait donc l'autre moitié du Fauve ?
- L'autre moitié du Fauve qui cherche à se reformer, oui. Si l'on en croit les légendes c'est bien cela. Mais n'ayez crainte. Même si les moines de notre Ordre ne sont pas tous d'accord sur cette hypothèse, nous sommes tous à même d'y faire face si cela s'avérait nécessaire. Comme vous l'avez sans doute constaté, nous sommes un ordre guerrier. Et nous sommes prêts à tous les sacrifices pour défendre la famille Catherine.
- Et l'autre voix, qui est-ce ? demanda Linda.
- Quelle autre voix ?
- Lors de la cérémonie, j'ai entendu deux voix. Une qui m'appelait et cherchait à savoir où j'étais...
- Lui avez-vous dit ? l'interrompit Blake avec une pointe d'angoisse.
- Je ne sais pas, j'ai crié mais je ne pense pas avoir donné d'adresse, lança-t-elle avec cynisme.
- Très bien, j'en aviserais l'Ordre mais pour le moment, ne vous en préoccupez pas."
Linda n'en avait pas l'intention. Elle était plus agacé par l'interruption qu'inquiète. Elle habitait en ville, dans un quartier relativement "chaud", elle n'allait pas certainement pas se préoccuper des craintes superstitieuses d'un moinillon.
"- ...La deuxième, reprit-elle, avait une intonation différente. Plus... "paternelle". Oui, c'est ça. Comme un père qui parlerait à ses enfants.
- Cela ne me dit rien. Il faudra que je consulte les archives.
- Faites donc ça, soupira Linda. En attendant par où commence-t-on ?
- Commencer... ?
- Oui. Je suis bien "l'Elue" de la famille, la garante de la fortune des Catherine, non ? Alors en tant que tel, par où dois-je commencer pour sauver les riches postérieurs de mes cousins ? ironisa-t-elle.
Cette déclaration sembla laisser le jeune Blake sans voix. Ce qui ravit Linda.
Tout ceci, songea-t-elle, promettait d'être amusant...
- Izusa Lakota (Ami) · 22 janvier 2010, 18:03
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Tu vois que c'est facile à satisfaire une femme !