3, le chat, chapitre I
Publié le lundi 11 février 2008, 09:43 - modifié le 07/06/08 - Recueil - Lien permanent
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"L'arrogance est sans doute l'une des plus grandes qualités de la race humaine. Grâce à elle, les hommes accomplissent des miracles et repoussent jour après jour les frontières de l'impossible. Mais c'est aussi un défaut qui nous incite à nous croire invulnérables, éternellement supérieurs à nos adversaires. J'ai moi aussi un jour cédé à l'arrogance et ma victoire ressemble aujourd'hui à s'y méprendre à une affreuse défaite."
Vlad Wesley
Fermer les yeux. Sentir le souffle du monde sur son visage. Ecouter le brouhaha continu de l'univers. Voilà en quoi consistait le passe-temps favori de Linda Catherine.
Immobile au milieu du trottoir, elle tendit discrètement les mains pour effleurer les passants inconscient, dans leur course permanente, de ce contact si léger frôlant leur manches, leur pardessus, leur robes et même parfois leur bras nus.
Lorsque par inadvertance le contact se faisait plus prononcé, ils se contentaient de n'y voir que la bousculade d'une idiote encombrant leur chemin et procédaient à une vérification rapide du contenu de leur poche. A ceux-là, Linda ne leur reprochait rien. Eux aussi étaient une part de l'humanité, eux aussi étaient une touche de couleur sur la toile du monde.
Et ce fut toutes ces couleurs qui jaillirent au visage de Linda lorsqu'elle ouvrit à nouveau les yeux. Un tourbillon d'hommes et de femmes allant, venant, courant, virevoltant tout autour d'elle.
Puis Linda éloigna son regard de la scène complète pour se focaliser sur des passants en particulier.
Ici, un homme écoutait consciencieusement l'écouteur dans son oreille, ses lèvres bougeaient mais ses mots se perdaient dans les ronflements du taxi devant lui. Là, une jeune femme courrait, chargée de sacs, vers une destination connue d'elle seule. Et là encore, un mendiant tendait une main et un visage peu amène à tous ceux qui passaient à sa portée.
Stop. D'un imaginaire coup de clapet, Linda fixa tous ces détails et l'imprima dans sa mémoire. Puis elle quitta son rôle de spectatrice pour reprendre sa place dans la marée humaine.
Elle consulta sa montre. Il lui restait encore suffisamment de temps pour s'acheter un casse-croute mais ensuite il faudrait qu'elle se consacre complètement à finir sa dernière peinture sinon elle rendrait, encore, un acheteur mécontent. A quel moment sa passion était devenue une charge, Linda n'aurait su trop le dire. Mais cela avait probablement été à partir de l'instant où elle s'était imaginé pouvoir l'utiliser pour gagner sa vie.
Avec un haussement d'épaule philosophique, Linda se dirigea vers la sandwicherie la plus proche sans remarquer qu'un homme la suivait.
- KannTo (Fanatique) · 08 mars 2008, 15:39
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Je n'avais pas pris le temps de commenter cette reprise du Fauve.
Pour ce début de chapitre, j'ai été frappé par le coté cinématographique de ta description : l'image commence avec un gros plan du visage du personnage, hors tout, et se recule doucement pour englober petit à petit son environnement, amis de manière abstraite. Cet effet se poursuit, centré sur ce personnage jusqu'à "stop". Là un gros plan des yeux de la jeune femme, très attentifs, marque le retour effectif dans cet environnement, et la caméra prend du champ en hauteur pour inclure Linda dans la ville ...
Bon, c'est un peu n'importe quoi, ce que j'écris, mais ça me fait ça à chaque fois que je lis ce passage :)
(chouette, au fait ;) )