Tout le bonheur du monde 2.0

Le blog de Khaos Farbauti Ibn Oblivion. Une vision du monde cynique et poétique.

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Notification

Une nouvelle notification chasse la précédente sur l'un de mes écrans. Un tweet de France Info rapportant une information politique.
Et une autre notification. L'annonce d'un festival local cette fois.

Aussitôt chassée par une autre. Un ami artiste diffusant une photo esthétique de charcuterie.

A ma gauche, sur un autre écran, une carte indiquant en temps réel les trains entrant et sortant de la gare Montparnasse. Mise à jour. Le TER 862425 quitte à l'instant la gare pour Chartres. Il va croiser le double TGV 8730/8634 qui lui revient de Bretagne

Sur un autre écran, à ma droite cette fois, défile les playlists de mes amis. L'un d'eux écoute Santoré, un autre du Beatles, une autre Malicorne. Pour ma part, c'est The Servant.

Une nouvelle notification. Mes contacts infosec rappelle qu'avant les outils ce qu'il faut utiliser pour être à l'abri c'est surtout sa tête.

Devant moi, une fenêtre de texte vert sur fond noir car je suis plutôt un ancien et j'ai grandi dans ces codes sociaux désormais ringards. Au moins je n'ai jamais cédé à la faute de gout des têtes de mort qui tournent.

La musique change et passe sur une reprise de Beatles utilisée dans la bande originale de Kubo and the Two Strings.

Tout dans la fenêtre noire est immobile. Je ne suis pas Néo et ce n'est pas la Matrice. Seul clignote un trait horizantal, lui aussi reliquat cosmétique d'un autre temps. Un temps où ce clignotement avait un sens et servait a minima d'indicateur prouvant que le système était toujours vivant et opérationnel.

Une autre notification. Une femme enfermée aux états-unis pour avoir ri.

J'approche mes mains du clavier et les mots viennent. Ils se découpent sur le fond noir et défilent dans leur parure verte criarde. Ce ne sont pas des mots pour les hommes, ils ne parlent à aucun d'entre eux, dans aucun de leur langage. Ils s'adressent à la machine et on pourrait trop rapidement les prendre pour des ordres.

Une pause. Le TER 862425 traverse Montigny-le-Bretonneux. Quelqu'un écoute Goldfish. Un gif animé d'Ackbar. Le curseur passe à la ligne.

La machine pense.

Puis une liste apparait et défile à l'écran. Des prénoms, des dates de naissances, des 123456 et autres platitudes que les vivants tiennent pour important au point d'en faire des clés vers leur vie intime.

Quelques secondes plus tard, la liste est terminée. 97% de mes questions ont trouvé réponse.

La machine a accepté de me donner l'accès à plusieurs milliers de vies humaines.

Je pourrais d'un geste lui demander de m'ouvrir les portes de ces vies, d'entrer dans leur coeur, de me réveler leur secrets.

Mais pour quoi faire ? Tout le monde les connait déjà.

Khaos Farbauti Ibn Oblivion

Auteur: Khaos Farbauti Ibn Oblivion

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