Parlons d'identité
Publié le dimanche 01 janvier 2017, 19:14 - modifié le 02/01/17 - Vie publique - Lien permanent
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En cette encore toute jeune année, il est un concept que je soupçonne pertinent d'aborder car, allez savoir pourquoi, mon petit doigt me dit qu'il sera largement traîné dans la boue dans les mois à venir. (Une intuition... )
Ce concept est celui d'identité et, pour être honnête, il est déjà largement mis à mal. Chacun voulant y faire entrer au chausse-pied des choses étranges et des biais militants stériles.
Archétypes et stéréotypes
Il faut avouer que c'est un peu de notre faute en tant que société. L'identité c'est bien beau mais complexe, donc pas optimum dans la transmission de savoir. On a préféré utiliser le biais cognitif de l'archétype, plus bourrin mais à la performance indéniable.
C'est pourquoi le protagoniste d'un film est un héros, ou un antihéros, ou tout autre individu mono-dimensionnel qui n'aspire qu'à un seul et unique but, du spectacle de danse au sauvetage de l'univers.
Parce que la narration d'un archétype est plus directe, plus puissante. Le message porte et se transmet mieux.
Mais à trop vulgariser l'identité, on en a subit les ravages : Notre cerveau utilise ce biais à l'excès, par facilité. On n'est plus capable de voir les autres qu'à travers le prisme de leur archétype, ou plutôt de leur stéréotype. L'identité des autres n'a plus aucune profondeur car c'est ainsi que l'on a été conditionné à voir le monde.
Alors s'en suit logiquement que la question "Qui suis-je ?" sort de son cadre de simple jeu d'esprit rhétorique de philosophes. Elle devient une question fondamentale, voire insurmontable, assaillant de plein fouet des générations entières.
Sortons les patates
Alors posons-la cette question. Qui suis-je ?
A tendre l'oreille, la première réponse que la société propose est l'appartenance aux communautés.
C'est la théorie des patates, ou des ensembles si vous préférez.
Sur une grand feuille on trace des ronds plus ou moins ronds. Et on sort les étiquettes : Ça c'est les hommes, ça c'est les femmes, ça c'est les blonds, ça c'est les français, ça c'est les gauchers, ça c'est les L, les G, les B, les T, etc...
Bien sûr, on n'est pas bête et on se rend rapidement compte que ce n'est pas suffisant.
Je suis un homme ET un gaucher. Alors les 2 patates, là, il faut qu'elles se croisent. Et moi je me mets dans la zone de recouvrement. Ah et j'ai des lunettes aussi... hop nouvelles patates croisées...
Et sous nos yeux ébahis apparaît alors un diagramme de Venn. Et comme tout ceci porte un nom savant, on se dit qu'indubitablement le but semble atteint. La voilà notre identité : Le croisement de toutes nos étiquettes.
Perdu
Sauf que non. Oui, vous êtes gaucher... Mais vous ne ressemblez à aucun autre gaucher. Oui, vous êtes asexuel.... Mais votre mentalité est unique. Et même "les blonds votant à gauche", correspondant à 2 de vos patates tout de même, n'ont rien à voir avec vous.
Quand on y réfléchit bien, vous n'êtes ni "des" handicapés, ni même "un" handicapé. Vous êtes vous. Quel que soit les labels qui vous tournent autour, "vous" est la seule et unique étiquette qui vous définit vraiment.
Mais alors... Votre identité, elle est où ? Ne jetez pas vos patates tout de suite, elle n'est pas si loin.
Reprenons notre grande feuille avec ses ronds plus ou moins ronds. Et au lieu de vouloir modéliser votre identité comme un point au milieu d'ensembles qui se recoupent, faites-en plusieurs, des points.
Je suis une femme... un point dans l'ensemble femme. Je suis noir... un autre point, dans l'ensemble noir. Et un autre point, et un autre encore...
Vous voilà avec des patates et un nuage de points. Maintenant, reliez ces points.
Vous voyez cette forme qui vient d'apparaître devant vous ? La voilà votre identité. Appartenant à plein d'ensembles mais réductible à aucun d'entre eux. Car vous n'êtes pas que votre sexe, votre couleur, vos hobbies, votre travail, ... Ce que vous êtes est au delà de tout ça.
Votre identité est dans cette molécule qui transcende ses composants. Dans cette constellation qui est plus que la somme de ses étoiles.
Alors qui suis-je ? Moi. C'est la seule bonne réponse.
Que la paix soit avec vous.