Ce qu'il reste de moi
Publié le jeudi 19 septembre 2013, 17:00 - Vie publique - Lien permanent
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A l'occasion de ce mois de septembre qui m'a vu naître et qui me rappelle chaque année à quel point l'univers est empli de choses belles et joyeuses (Pour ceux qui arriverait pour la première fois sur ce blog et ne maîtriserait mon cynisme si particulier : un indice) j'ai agrémenté comme à mon habitude ma déprime annuelle d'un pan nostalgique spécifiquement lié à mon blog.
En clair, je parcours au hasard la masse abondante de textes que j'ai pu commettre et m'attarde parfois sur l'un ou l'autre en essayant de me rappeler les circonstances de sa rédaction.
Mais parce qu'une dépression n'en serait pas vraiment une sans question existentielle violente, je me suis pris à m’interroger sur mes facultés et leur évolution.
Car, en effet, des envolés piquantes de mes débuts que reste-t-il au juste ? Quand on s'attarde sur mes derniers écrits, où est donc parti la vivacité, la pertinence cynique, la savoureuse acidité ?
A l'évidence il ne reste plus rien de tout ça et même les circonvolutions inutiles mais tellement jouissive de mes phrases tendent à suivre la migration de la population mondiale vers le QI de mollusques.
Est-ce mon cerveau qui a trop subit, mon cœur qui a trop vécu ? Est-ce simplement la vie, que j'ai toujours vu m'échapper trop vite, qui m'indique que la fin n'est plus si lointaine (Dans une 15aine d'année si je m'en tiens à la moyenne familiale) ?
Une nouvelle rotation de la Terre et une nouvelle bougie sur mon prochain gâteau.
Et toujours plus de questions que de réponses.
Alors que reste-t-il ? Je n'ai jamais vraiment eu de grands principes et je les ai probablement tous abandonnés désormais. Mon talent d'écrivain n'a jamais été qu'une petite gloire personnelle finalement assez peu reconnu, il est probablement illusoire et est en train de disparaître même aux yeux des plus fanatiques de toute façon. Mes biens matériels ? Je suis malheureusement encore trop intelligent pour arriver à me convaincre que le bonheur est dans la richesse. Et mon intelligence justement ? Chaque jour me rappelle à quel point elle n'est plus, ou bien n'a jamais vraiment été.
Que reste-t-il de Khaos Farbauti Ibn Oblivion ici ? Un vieux blog poussiéreux qui s'agite mollement. Des idées que tout le monde a depuis longtemps oublié. Un tas de mots que l'on regarde de loin, au mieux légèrement nostalgique, au pire indifférent.
Que reste-t-il de Khaos Farbauti Ibn Oblivion en moi ? De la douleur, de la tristesse, quelques trop rares moment de bonheur. Cette ombre de moi-même qui est la clé de mon être et que personne n'a jamais vraiment voulu connaître.
En ce mois de septembre, je ne saurais même plus dire qui de Khaos ou de moi est l'ombre de l'autre, tant les deux semblent si inconsistants.
Alors que s'approche à nouveau la date de ma naissance, je suis à nouveau le spectateur de ma déchéance. Toujours plus bas, toujours plus insignifiant. Et comme toujours les poèmes de ma jeunesse me l'avaient prédit, même si celui là je ne l'ai jamais publié sur ce blog. Il commençait par "J'ai fait un château de cartes pour atteindre une étoile" et il ne finissait pas bien évidemment.
Je sais, ce billet n'a probablement aucun sens pour vous, je perds ça aussi : Je ne sais plus vous guider dans les méandres de mes pensées. Je ne sais plus vous inviter à me comprendre. Peut-être que je ne veux plus, que j'ai réalisé que ça n'intéressait personne.
Que reste-t-il de moi ? Il reste bien quelque chose forcément. Je ne suis pas encore une coquille que chacun aurait vidé en arrachant égoïstement sa part sans penser à la remplir de manière équivalente. Sinon ce billet n'existerait pas. Sinon je ne serais plus là.
Ce qu'il reste de moi, c'est l'amour. Le Grand Amour, terrible et dévastateur.
Mais jusqu'à quand ?