Tout le bonheur du monde 2.0

Le blog de Khaos Farbauti Ibn Oblivion. Une vision du monde cynique et poétique.

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Le cercle des blogueurs disparus

carto-internet.jpgIl fut un temps où autour de moi s’ébattait une joyeuse et frémissante autant que futile et prolixe foule de blogueurs qui, pour un oui ou un non, pondait d'invraisemblables billets parlant de tout et surtout de rien à la longueur variable autant qu'inappropriée par rapport au sujet évoqué.

Et comme bien souvent le paradis ayant vocation à se perdre et l'utopie à se dissoudre, la situation n'est plus ce qu'elle était comme l'indiquait fort subtilement, pour qui n'est pas féru de la langue de Molière et Mickaël Vendetta, l'emploi du passé simple dans la phrase précédente.

C'est ainsi qu'au fil des ans, la riche déblatération a muté doucement en... et bien en autre chose.

Pourquoi créer quand on peut répéter ?

Pour une grande partie des mes collègues de l'époque, la chute des fréquences de parutions a coïncidé très naturellement avec la montée des réseaux sociaux, et principalement Facebook.

L'homme est avant tout une espèce sociale et, que voulez-vous, nos neurones sont ainsi fait que nous avons plus de facilité pour échanger que pour produire. Et quand échanger est à la porté d'un unique clic de souris, alors que produire du contenu met en branle tant d'autres éléments de notre si frêle organisme, et si peu sollicité cerveau, le choix semble vite fait.

Ainsi disparut une partie de ma blogosphère qui depuis ne communique plus que par partage interposé. ("j'aime cette image, je la partage, je diffuse ainsi mon humeur/message du moment")

Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

Pour ceux qui s'attachaient encore un peu au contenu personnel et que le partage de messages pré-fabriqués ne parvenait pas pleinement à satisfaire, il y eu alors Twitter.

Là encore la simplicité du partage rend incroyablement difficile par comparaison la production de contenu, mais surtout la limite de 140 caractères appelle à la simplicité sans honte.
Tout les utilisateurs étant soumis aux mêmes limitations, produire du contenu très court, sans grande analyse, verbiage ou envolée lyrique, est non seulement acceptable mais même recommandé sous peine de subir l'incontournable couperet.

Ajoutons à cela l'ordinaire de la vraie vie du dehors, qui s'évertue à réduire le temps disponible à peau de chagrin, et la solution devient inéluctable.

Ainsi disparut une autre partie de ma blogosphère qui depuis ne communique plus que par de court (parfois) bons mots.

Pourquoi faire Internet ?

Le blogueur qui raconte souvent sa vie et encore plus souvent dénonce grave, est somme toute et avant tout un être humain, jeune de surcroît.

Alors fatalement il arrive un jour où la vie, le boulot, les amours, la famille, la mort, les finances, les enfants, etc... bref toutes ces choses étranges qui n'appartiennent pas au monde merveilleux du virtuel, prennent le pas sur cette activité au fond pas si fondamentale qu'est l'entretien d'un blog.

Et finalement l'écriture ralentit pour enfin se tarir, laissant derrière soi un amas de mots flottant sans vie au milieu d'un champ de cadavres plus ou moins identiques.
Des ruines d'un temps plus tourmenté, des vestiges d'une autre vie plus émerveillée, des monuments à la gloire de la futilité humaine.

Ainsi disparut la dernière, et plus grande, partie de ma blogosphère qui depuis ne communique plus (sur Internet) que par de trop rares preuves de vie.

Et moi ? et moi ? et moi ?

Pour ma part, comme tout le monde, je me suis laissé tenter par la facilité en investissant pleinement Facebook et Twitter, délaissant du même coup mon blog de manière non négligeable.

Mais comme je suis un con, et qu'avec le temps je deviens même un vieux con, je compte bien persévérer et faire durer ce blog aussi longtemps qu'il le faudra.
Certes, les débits pléthorique d’antan (jusqu'à 5 billets par jour) s'évanouiront comme se délite inexorablement le noir de mes cheveux, mais il n'en reste pas moins que je continuerais à bloguer envers et contre tout.

Même si pour cela je dois le faire tout seul au milieu du cadavre d'une blogosphère jadis palpitante.

Que la paix soit avec vous.

Khaos Farbauti Ibn Oblivion

Auteur: Khaos Farbauti Ibn Oblivion

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sy! (Passant) ·  13 août 2012, 20:31

ça me fait penser à un truc que j'ai écris faisant le même contat :
http://sylvainbarraux.net/blog/2010...

An' (Passant) ·  15 août 2012, 11:24

J'ai constaté la même chose à maintes reprises. J'ai vu naître des blogs, certains devenir connus. J'en ai vu s'éteindre, je me suis liée avec des personnes qui ont disparu, emportant avec elles leurs écrits. Certaines de ces relations ont survécu, quelques-une grâce à facebook ou twitter d'ailleurs.

J'aime lire, j'aime écrire. Hier un ancien blogueur me disait d'un ton moqueur "Mon blog ? Non, je n'écris plus, il faut viivre avec son époque !" Et bien pareil, je me fiche des modes.

Et puis franchement, les gens pensent qu'ils n'ont pas le temps. Mais le temps il faut apprendre à le suspendre. Paresser, rêver, créer... Se poser / se pauser pour autre chose qu'un tweet entre deux stations de bus, de métro.

Gabrielle (Ami) ·  17 août 2012, 11:49

Ah ça depuis le temps... Des blogs qui ferment, des plateformes qui plongent, des gens qui cessent d'écrire ici pour recommencer plus loin en égarant au passage leur lectorat, des gens qui adoptent les 140 caractères, la quotidienneté et perdent en fond, en recul en réflexion...
Mais heureusement il y en a qui s'accrochent, et des lecteurs qui suivent également ! :razz:

Mina (Passant) ·  28 août 2012, 17:03

Autre temps, autre mœurs... J'aime retrouver des blogs oubliés, des flux d'information soudainement interrompus, ces billets doux, d'humeur, ces news improbables, lues, négligées, laissées en pâtures à nos curiosités si saines. Je cherche, je fouille, je commente, j'encourage, je dis souvent que j'aime, et sur 100 posts, à peine une réponse, un regard mais qu'importe.
L'intention compte et heureusement Internet a une mémoire. Je rêve que ces lignes en parchemins se transforment, témoignage d'une époque, d'un élan, à jamais gravés puis certainement... un jour exhumés, piédestale, vestige... et le temps recommence.

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