3, le chat, chapitre III
Publié le mercredi 30 juillet 2008, 07:32 - modifié le 16/02/10 - Recueil - Lien permanent
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"Je m'interroge régulièrement sur ce qui est Moi et ce qui est Lui. La science a démontré depuis longtemps qu'il est très difficile, voire impossible, d'analyser une situation, un système, tant que l'on en fait partie. La vérité n'apparait qu'à l'observateur détaché, en dehors du système. Mais c'est un luxe que je ne peux m'offrir aussi j'en suis réduit à analyser mes propres pensées de manière on ne peut plus subjective. C'est probablement pour cela que j'ai tant de mal à nous différentier Lui et Moi. Il m'arrive de croire que toutes les horreurs qu'il m'a fait faire.. j'ai peut-être souhaité qu'elles se produisent."
Vlad Wesley
Richard Catherine n'avait pas l'air du tout fatigué. Richard Catherine n'avait pas l'air malade non plus.
En fait, autant que Linda puisse en juger, son grand-père avait l'air au mieux de sa forme. Et s'il n'y avait eu les épaisses couvertures et les nombreux médicaments sur la table de nuit, elle se serait attendu à le voir se lever d'un bond pour venir l'accueillir.
Mais il n'en fit rien.
Lorsque Linda entra dans la pièce, il se contenta de tourner la tête vers elle et de l'observer en silence.
Ses yeux étaient fixés sur elle, notant visiblement le moindre de ses mouvements. Son visage était figé... presque... à l'affut. Oui, c'était l'expression qui convenait.
Son grand-père l'observait comme s'il était un enfant affamé devant qui elle aurait agité un énorme gâteau à la crème.
Pendant un bref instant, l'image de l'honorable Richard Catherine jaillissant de son lit et bondissant sur elle, traversa son esprit. Mais la pensée s'estompa tandis qu'elle perçut soudain une lueur amusée dans le regard de son grand-père.
Un sourire se dessina sur son visage lorsqu'il prit la parole :
"- Ma chère Linda. Comment vas-tu ma petite ? Dit-il d'une voix claire
- Manifestement je vais aussi bien que vous Monsieur Catherine...
- Richard, rectifia-t-il, "Monsieur" c'est pour les gens respectables.
- Richard, acquiesça-t-elle."
Puis elle ajouta, après un regard noir à Axel :
"- Il semblerait que les rumeurs concernant votre état étaient un peu trop pessimistes. Je suis ravie de vous savoir en bonne santé
- Moi... En bonne santé ?!" S'exclama Richard qui ponctua cette phrase d'un généreux et communicatif éclat de rire.
Surprise, Linda ne sut pas comment réagir.
Une telle bonne humeur invitait normalement les spectateurs à éclater de rire eux aussi. Mais l'heure tardive, le contexte et même le visage d'Axel n'incitait pas vraiment à la rigolade.
Ou peut-être que si ? Après tout, tout ceci était tellement ridicule : Une maison familiale sans famille, un grand-père visiblement en pleine santé recouvert d'une énorme couverture, un cousin en tenue de deuil au visage grimaçant...
Linda céda et se mit à rire elle aussi. Elle joignit sa voix aux éclats puissants de son grand-père. Et ensemble ils continuèrent ainsi pendant de longues secondes.
Puis Richard se tut, et reprit :
"- Non, ma petite Linda,je ne suis pas vraiment en bonne santé. Demain, je serais d'ailleurs sans doute mort."