Comment faire pour sauver (vraiment) votre librairie ?
Publié le jeudi 10 juillet 2014, 15:54 - modifié le 11/07/14 - Merveilles du monde - Lien permanent
- Article
- |
- Commentaires (1)
- |
- Annexes (0)
A l'occasion de la totalement nocive loi "anti-Amazon", j'ai eu l'occasion d'exprimer sur les réseaux sociaux ma grande joie face à un gouvernement qui défend la culture en augmentant le prix des livres.
Ce à quoi on m'a répondu que je ne comprenais rien et qu'il s'agissait avant tout de défendre les librairies contre le vilain méchant Amazon.
J'ai donc posé cette question simple : pourquoi ?
Oui : Pourquoi ?
Parce que, soyons honnêtes, l'humanitaire ce n'est pas exactement mon truc et je ne me vois pas distribuer mon argent aux quatre vents juste pour le plaisir de savoir que le métier de libraire existera toujours. (Vous étiez où quand celui de maréchal-ferrant a disparu ?)
Comme vous l'imaginez ma question a soulevé des cris d'orfraie et on m'a aussitôt affirmé que les libraires sont des êtres exceptionnels capables rien qu'en me regardant d'identifier immédiatement LE livre du moment parfaitement adapté à mes goûts, ma sensibilité et mon humeur.
Outre le fait que je ne sais pas dans quel monde de bisounours vous vivez car moi ce libraire parfait je ne l'ai jamais rencontré (et j'ai tout de même un nombre non négligeable de librairies visitées au compteur), je me suis demandé pourquoi diantre ces parangons du conseil littéraire avaient alors un modèle économique aussi idiot ?
Car, au cas où vous ne seriez pas au courant, dans le monde merveilleux du commerce pour gagner de l'argent il faut facturer la valeur ajoutée.
Or là nous avons donc des gens qui achètent un produit fini, le revendent tel quel, et s'insurgent que le concurrent X (plus gros donc plus à même d'avoir un prix d'achat réduit et avec un catalogue forcément plus étoffé) fait un meilleur travail qu'eux...
Si nous étions sur Twitter, j'apposerais à la fin de la phrase précédente le hashtag "#FacePalm".
Le commerce c'est un métier
Parce que, oui, SURPRISE, les opérations sans aucune valeur ajoutée sont facilement industrialisables et donc sont plus faciles à réaliser par les grosses boites que par les petites.
Le problème fondamental des librairies c'est tout bêtement que les choses qui font leur force, qui les différencient d'un méchant Amazon (ou Fnac, ou Leclerc, ou ...) et qui attirent tant de tendresse de la part de leur défenseur, sont également celles qu'ils ne vendent pas.
Le conseil d'un libraire, pour peu que vous en trouviez qui en soit vraiment capable, c'est gratuit, inclus dans le prix du livre.
Autrement dit le libraire vend moins bien qu'Amazon tout en se permettant de déployer plus d'effort. Sa survie économique de nos jours tient du miracle.
Mais parce qu'en tant qu'amoureux des livres (et non pas des librairies) je ne peux pas me contenter de tirer sur l'ambulance, voici quelques pistes, beaucoup moins stupides qu'augmenter le prix des livres sur Internet (non mais franchement, qui est l'abruti qui ose prétendre que cela fera du bien à la culture ?!), pour ceux qui veulent vraiment passer le cap et sauver leur librairie.
Des solutions parmi tant d'autres
Entendons-nous bien : Aucune des solutions présentées ci-dessous n'est simple à mettre en œuvre (la mutation n'est jamais une chose simple), et encore moins exhaustives. Mais face à des géants industrialisés de la vente, elles sont DURABLES.
- La "sélection du libraire" : En reprenant un peu le modèle "France Loisir", vous proposez à vos clients un abonnement mensuel de XX euros et tous les mois les gens reçoivent votre sélection des 2-3 incontournables du mois. La formule est déclinable au besoin par genre : "sélection sf", "sélection politique", "sélection premier roman", etc...
Cette offre a le double avantage de monétiser vos conseils et d'avoir une trésorerie moins aléatoire (Et la possibilité également de négocier plus facilement des achats groupés)
- Le "catalogue des dispos" : Quel est LE point fort d'une librairie, l'avantage qu'aucun gros site de vente en ligne ne pourra JAMAIS égaler ? Quand vous achetez un livre en librairie vous repartez avec. Pas demain, pas dans une semaine : Tout de suite. Mais à l'inverse il n'y a rien de plus frustrant que d'entrer dans une librairie, de demander un titre et de se voir répondre "Ah ben non on l'a pas, revenez plus tard."
Montrez que vous aimez vos clients : ne les faites pas se déplacer si vous pouvez leur fournir très simplement votre inventaire en ligne. Il ne s'agit pas de commander, juste d'éviter un déplacement inutile. Ce n'est pas du commerce mais du respect, et c'est très important. (Pour information, c'est très précisément pourquoi moi je ne mets plus un orteil en librairie. Vivant en campagne, j'ai autre chose à faire de mes journées que des aller-retour en voiture pour rien.)
- Atelier événement : Le dernier Harry Potter vient de sortir, organisez une session (payante) d'apprenti sorcier-chimiste, de découverte de Quidditch ou un quizz avec prix... Bref créez un événement autour avec un peu de revenu associé. (Pas un truc à perte bien sûr, le prix du livre ne doit PAS être votre unique source de revenu)
- Conférence / Dédicace : Dans le même ordre d'idée, faites venir des auteurs ! Soit pour parler du sujet du livre, soit pour dédicacer (ou les deux d'ailleurs). Ca se fait dans toutes les conventions de la planète et les gens n'ont aucun problème à payer pour ça.
- Session de conteurs, atelier de mise en pratique en tout genre, .... Bref vous avez saisi l'idée : sortir du métier de vendeur de livre.
Parce que oui Mesdames et Messieurs les libraires si vous restez de simples vendeur de livres, inutile de pleurer face à la vilaine concurrence du méchant gros vilain Amazon : Vous êtes déjà mort.
Mais pour donner une vraie chance à sa librairie, il faut s'en donner la peine et ne pas perdre son temps en lobbying pour des lois stupides...
Que la paix soit avec vous.
-
Universalis (Passant) · 10 juillet 2014, 16:47
-
"Ce à quoi on m'a répondu que je ne comprenais rien et qu'il s'agissait avant tout de défendre les librairies contre le vilain méchant Amazon."
C'est pas tout à fait ça la question était "Il faut protéger les librairies sinon elles disparaîtrons comme les drogueries". Ok. Qui regrette les drogueries au juste ?"
ce à quoi en digressant on a répondu que oui on les regrettait au même titre que l'on regretterait les libraires s'ils venaient à disparaître...
Tes idées sont bonnes et il me semble que certaines sont déjà appliqué mais tu oublies un concept important il me semble, mais c'est normal si tu n'es pas fana d'humanisme, c'est que l'humaniste aime à échanger sans vendre ce qu'il dit... La plupart des gens qui font ce métier là ne le font pas pour devenir riche à milliers mais par passion et pour vivre de leur passion...
C'est aussi en ça qu'il faut essayer de protéger certaines profesions parce que je trouve juste de vouloir vivre en faisant ce qu'on aime...ceci étant dit je ne suis effectivement pas d'accord avec la loi que tu mentionnes, il me semble que des mesures plus adéquates seraient plus efficaces que de remplir les poches d'amazon...