Tout le bonheur du monde 2.0

Le blog de Khaos Farbauti Ibn Oblivion. Une vision du monde cynique et poétique.

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Résolution

khaos_lips.jpgUne musique se fait entendre. Ainsi qu'une légère vibration. Mon téléphone sonne.

Je décroche et laisse jaillir une voix. Tantôt en colère, tantôt effrayée, triste ou épuisée. Les voix changent, les émotions aussi, mais le processus est toujours le même.

Je laisse couler le flot des mots, cascader le récit brut d'une anomalie, d'une déviance, d'un problème, d'un besoin.

Une urgence. Parfois muette, inexprimée ou même honteuse. Mais impérative néanmoins. Toujours.

Après quelques instants, je place un acquiescement, un accusé de réception sonore quelconque.

De ce récit sans queue ni tête, on attend de moi une solution, une réponse, un soulagement.

Alors je ferme les yeux, ou plutôt je les fermais, avant. L'habitude et l'exercice ont réduit cet acte à guère plus qu'un clignement, un battement de cils durant lequel s'exprime ma magie, mon pouvoir si chèrement payé. Ma malédiction.

Mon esprit reflue à l'intérieur de mon corps, ne devenant guère plus qu'une présence brumeuse, un vague souvenir.

Alors je laisse l'Autre m'envahir.

Au fil de sa voix, je m'imprègne de son récit. J'en observe d'abord la musicalité, puis je me laisse entraîner par les images qu'il éveille.
Les souvenirs coulent en moi, des souvenirs qui ne sont pas les miens. J'ouvre la bouche et par quelques mots sporadiques je les guide vers moi.

Ma voix, parfois douce, parfois plus ferme, devient un chemin balisé reliant l'Autre à la coquille abandonnée de mon cerveau.

Après les images viennent les émotions et avec elles, enfin, la compréhension. Le récit se met soudain à faire sens. Je ne suis plus moi-même et ce nouveau schéma de pensée auparavant étranger est désormais mien, me permettant de comprendre, de déchiffrer.

Je possède désormais le problème, je ressens le besoin. J'en vois les implications, les impacts, les nécessités. Et l'urgence.

Mes yeux s'ouvrent. Le battement de cils se passe. Mon esprit reprend sa place, chassant l'Autre.

Reste le souvenir, l'extrait copié d'une vie qui n'est pas la mienne.

Tandis que je me réveille à moi-même, ce souvenir trouve sa place parmi les miens. S'enrichit de mes savoirs, se complète de mes expériences.

De cette hybridation jaillit alors la vérité, la solution, la réponse. Le problème n'en est plus un.

Il suffira alors de quelques mots, d'une inflexion, d'une légère nuance hypnotique pour que ma voix manipule et soulage l'Autre.

Il y aura parfois des gémissements, parfois des remerciements, parfois les deux, parfois aucun.

Les voix changent et les émotions aussi.

Mais le processus est toujours le même.

Khaos Farbauti Ibn Oblivion

Auteur: Khaos Farbauti Ibn Oblivion

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