Tout le bonheur du monde 2.0

Le blog de Khaos Farbauti Ibn Oblivion. Une vision du monde cynique et poétique.

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Archivistes VS Généalogistes

arbre_genealogique.jpgCe week-end (prolongé), j'ai pu assouvir l'un de mes hobbies : la généalogie (Nul besoin d'appeler un pseudo-psycho-truc au diplôme trouvé dans une pochette surprise, je suis pleinement conscient de la névrose qui se cache derrière ce loisir)

Pour ce faire j'ai donc passé une journée aux archives départementales de Tours. Et c'est là que j'ai pu pleinement apprécier le guerre impitoyable qui oppose archivistes et généalogistes.

Le temps de l'utopie

Au début des temps, dans le jardin d'Eden, le monde était Un. Les archivistes dont la vocation étaient de collecter et préserver le savoir, cohabitaient paisiblement avec les généalogistes dont le bonheur était de parcourir le dit savoir à la recherche de parenté et d'anecdote.

Le monde était alors en paix et la recherche généalogique s'apparentait essentiellement à un pèlerinage de communes en communes pour retrouver la trace de ses ancêtres.

La pomme de discorde

C'est alors que survint l'incident.

Poussé par leur quête devenue obsédante, certains généalogistes se mirent à pratiquer les mêmes erreurs que leur contemporains capitalistes : l'exploitation à outrance de la ressource.

Des documents furent détériorés, corrompus, les rendant inexploitables pour les archivistes et même pour les généalogistes qui passaient après eux.

Les archivistes, voyant cela, appliquèrent leur doctrine de sauvegarde de la connaissance à la lettre et mirent en place des mesures restrictives.
Désormais les documents ne seraient plus accessibles sans surveillance, voire même plus accessibles du tout. Les demandes des généalogistes seraient maintenant limitées, scrutées attentivement et traitées avec un "empressement" tout relatif.

La fausse bonne idée

Reconnaissant leur torts, les généalogistes firent profil bas et tentèrent de négocier auprès des archivistes de nouvelles possibilités d'accès aux documents.

C'est ici que la technologie entra en scène, offrant une solution qui, sur le moment, parut idéale : les micro-films.
En transposant l'ensemble des documents sur micro-films, les archivistes préservaient leurs originaux tout en rendant la consultation à nouveau possible.

Bien sûr certains archivistes, par vengeance, décidèrent de rendre la chose la plus pénible possible : La consultation des micro-films devait se faire une seule bobine à la fois, sur un appareil placé au milieu de contre-jours et de reflets, avec une procédure complexe et obligatoire entre chaque changement de bobine et en faisant payer une fortune chaque page reproduite au moyen d'un appareil calibré expressément pour produire une photocopie merdique et illisible. (N'y voyez surtout pas une allusion à mon week-end...)

Mais voilà, le problème demeurait : si les originaux étaient effectivement à l'abri, les micro-films eux subissaient les outrages de la consultation plus ou moins respectueuse des généalogistes, ce qui finalement ne faisait que déporter le problème sans le résoudre.

La lumière au bout du tunnel

Comme pour beaucoup d'autres domaines, c'est finalement l'informatique qui offrit la solution pour réunir les ennemis héréditaires.

A travers la numérisation, il était désormais possible de transposer un document physique en document numérique, par nature insensible au nombre de consultation, dupliquable à l'infini et donc globalement inaltérable.

Les archivistes retrouvaient enfin la paix qui leur étaient chère, et les généalogistes pouvaient assouvir leur soif à outrance sans détériorer la moindre source en consultant les archives de nombreux départements sans bouger de chez soi.
Internet prouvant une fois de plus le bienfait immense qu'il peut apporter aux populations de toutes sortes.

Les irréductibles cons

Bien sûr, c'était sans compter quelques aigris parmi les archivistes qui, pour une raison qui leur est propre et que je ne me risquerais pas à deviner tant elle doit être tortueuse et stupide (en plus d'être illégale), décidèrent de relancer les hostilités en posant à nouveaux des contraintes (cette fois financières) sur l'accès à leur archives désormais numériques.

Sur 53 départements ayant rendu leur archives disponibles, on a pu ainsi observer 3 illuminés qui ont décidé de rendre leur archives payantes sur Internet. 3 cons sur 53, le pourcentage est encore acceptable (même si, par manque de chance, il a fallu que mes racines généalogiques s'étendent dans l'un d'eux) mais on se demande parfois s'il arrive aux dirigeants de réfléchir à leur actes avant d'agir.

Je connais la réponse bien sûr.

Que la paix soit avec vous.

Khaos Farbauti Ibn Oblivion

Auteur: Khaos Farbauti Ibn Oblivion

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nanardbe (Habitué) ·  05 novembre 2009, 14:34

Hé bien je te donne raison, c'est vraiment honteux... ceci dit ici ce sont les bibliothèques qui gèrent cela... Et tu peux avoir toutes les informations que tu veux (location de livres compris) pour 15 euros par an... je ne compte pas les photocopies naturellement...

Jean-Robert (Passant) ·  25 février 2010, 11:37

Bonjour,
je "tombe" par hasard sur ce blog et, évidemment, partage l'indignation. Mais je voudrais ajouter qu'il faut ajouter ce que je pense être le scandale mormon. Certes ces gens ont fait le travail de microfilmer les archives d'état-civil. Mais est-il normal que cette "secte religieuse" possède un monopole d'exploitation et impose des règles draconiennes sur ce qui relève du patrimoine national? Je suis prêt à faire le sacrifice d'acheter des bobines et à payer le prix, mais je demande à être propriétaire de mon achat.
Je possède un lecteur (artisanal) mais l'acquisition et surtout la conservation des bobines relève du parcours du "combattant" avec des restrictions que j'estime inacceptables... :C

Khaos Farbauti Ibn Oblivion (Toujours là) ·  25 février 2010, 12:03

Je peux me tromper mais autant que je saches, les mormons ne disposent d'aucun monopole d'exploitation sur nos archives.

C'est même en fait tout le contraire puisque, s'ils ont bel et bien numérisé la plupart des états-civils, le gouvernement français leur interdit de publier ces données sur Internet. (C'est d'autant plus ridicule que les mormons disposaient de l'infrastructure technique pour le faire, gratuitement, bien avant que nos archives nationales ne s'y mettent.)

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