Tout le bonheur du monde 2.0

Le blog de Khaos Farbauti Ibn Oblivion. Une vision du monde cynique et poétique.

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3, la chimère, chapitre I (fin)

3.jpgVlad ferma les yeux et les ouvrit. Vraiment.
Il était allongé dans son lit, au milieu de draps trempés de sueurs.

Alice, la gouvernante, était penché sur lui et le tenait fermement par les épaules. Malgré son apparence frêle et douce, elle était d'une grande force et avait visiblement fourni un effort important pour le maintenir immobile.

Voyant que son patron était désormais bien réveillé et ne risquait plus de faire de gestes incontrôlés, elle lâcha sa pression et recula. Comme à son habitude, elle ne posa aucune question et attendit patiemment qu'il reprenne ses esprits.

Vlad respira profondément. Autant pour évacuer ses émotions contradictoires que pour apporter un apport bienvenu d'énergie à son cerveau.

Il avait rêvé.
Il avait revécu son éprouvant combat contre le Fauve et, comme bien souvent dans l'univers onirique, celui-ci avait tourné au cauchemar.

Mais tout cela il l'avait déjà réalisé avant même de se réveiller. Son esprit avait déjà compris que ce n'était pas réel. Et pourtant, à l'évidence, son corps lui ne s'en était pas rendu compte.

Vlad étira lentement ses bras et ses jambes. Ses muscles étaient crispés et endoloris. Plusieurs griffures, qu'il s'était manifestement infligé tout seul, ornaient ses avant-bras.

D'un regard circulaire, il s'aperçut que sa chambre n'avait pas été épargnée : Les draps étaient totalement défait et le contenu de plusieurs étagères situées à quelques mètres gisait sur le sol à coté des restes de ce qui avait du être un verre et une carafe d'eau.
Un coup d’œil à sa gouvernante confirma ce qu'il soupçonnait : Alice arborait un léger coquard ce qui, connaissant ses talents cachés, indiquait clairement que le sommeil de Vlad n'avait été ni paisible ni même horizontal.

Le Mage prit note mentalement de verser une prime à sa gouvernante ce mois-ci et fit un geste de la main : "Merci, Alice. Tu peux me laisser, ça va aller maintenant. Je m'occupe de remettre un peu d'ordre dans tout ça"

Elle hésita quelques instants mais connaissant trop son employeur pour se permettre de le contredire, elle quitta la pièce.

Vlad sortit de son lit et alla s'asseoir en tailleur sur un coin de sol dégagé. Le confort du matelas ne convenait pas à ce qu'il avait en tête.

Une fois installé, il inspira à nouveau profondément et ferma les yeux. Il avait besoin de réponses, et il avait une petite idée de l'endroit où les trouver.

Pendant de nombreuses années, et jusqu'à il n'y a pas si longtemps, il avait hébergé en son sein une entité étrange et puissante qu'il avait baptisé le Fauve. Toujours à l’affût, elle ne perdait jamais une occasion de s'emparer du corps et des facultés de son hôte. Seul la volonté de fer du Mage, indispensable lorsque l'on pratiquait l'Art, lui avait permis de maintenir le Fauve dans une cage intérieure infranchissable.

Enfin plus ou moins.

Car à plusieurs occasions le Fauve lui avait échappé provoquant des ravages autour de lui. Et la dernière fois n'avait pas fait exception. Vlad avait du le traquer à travers le temps lui-même pour le retrouver et l'affronter. Et il était enfin parvenu à détruire le Fauve.
Du moins le pensait-il.

Ouvrant son œil intérieur, le Mage fouilla dans son esprit.

La présence du Fauve en lui n'avait jamais été difficile à détecter. C'était même tout le contraire : Vlad passait le plus clair de son temps à s’empêcher de la voir.

Mais depuis son combat moyenâgeux, le Fauve n'était plus là. La cage intérieure était vide.

Vlad concentra plus fort son regard. Se pouvait-il vraiment que son rêve n'était réellement qu'un rêve. Que son agitation physique avait été naturelle.

Il y avait peut-être quelque chose derrière les puissants barreaux de volonté de la cage, une sorte de voile, de lambeau. Oui la cage n'était pas vide comme le Mage l'avait d'abord cru. Il restait une présence fugitive : une ombre légère, une sorte de part d'âme, un morceau déchiqueté coupé d'un tout à l'origine plus grand.

Alors Vlad Wesley saisit soudain l'immensité de son erreur. Il n'avait pas tué le Fauve en le faisant exploser : Il l'avait... éparpillé.

Khaos Farbauti Ibn Oblivion

Auteur: Khaos Farbauti Ibn Oblivion

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