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Le blog de Khaos Farbauti Ibn Oblivion. Une vision du monde cynique et poétique.

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Le Fauve : Chapitre I

"Car voici le Fauve enragé
Qui en mon coeur survit.
Idole d'un monde passé,
Dieu d'un pays englouti."

               Vlad Wesley

Kannto était tendu. Bien que maitre incontesté de ses terres et seigneur apprécié par son peuple, son fief vivait aujourd'hui de grands troubles.

Le Roi, un enfant bien trop jeune et manipulé par ses conseillers, avait finalement pris conscience du fait que le fief du seigneur Kannto possédait un intérêt stratégique non négligeable et pouvait servir de point de chute pour son corps d'élite : les chevaliers de l'Eguemarine.

Bien que respectueux de la personne royal, qu'il avait déjà eu l'occasion de rencontrer et qu'il savait promis à un grand avenir, Kannto l'était beaucoup moins des conseillers qui l'entouraient. Composés principalement des patriarches de grandes familles aux traditions guerrières, leurs motivations était principalement axées sur l'expansion du royaume.
Expansion menée dans la pratique par les redoutables Chevaliers de l'Eguemarine, un corps qu'ils avaient contribué à créer.

Ces chevaliers subissaient un entrainement poussé à l'extrême durant lesquels de nombreux aspirants perdaient la vie. Peu d'informations filtraient à propos de ces entrainements mais beaucoup racontait qu'on ne le poursuivait pas sans y laisser une part de son me.
Une fois adoubés par le Roi, ils partaient alors rejoindre leurs frères, en campagne permanente contre les ennemis du royaume, aussi bien en dehors des frontières qu'au dedans... De nombreux villages avaient été rayés de la carte pour avoir abrités des éléments rebelles et leur simple vue suffisait à inspirer la crainte parmi la population.

La présence de l'un d'entre eux, dans son armure brillante, au milieu de la salle de réception du château n'augurait rien de bon et Kannto n'était pas dupe : De cette confrontation "diplomatique" dépendait le sort de ses terres.

Même si Kannto n'excellait pas dans l'art de la diplomatie, il espérait toutefois parvenir à convaincre ce messager de sa bonne volonté et de sa fidélité sincère envers le Roi.

Etrangement, il se surprit à penser aux autres troubles, mineurs en comparaison, qui menaçait non pas son fief mais sa famille.

Après plusieurs années d'un mariage convenu, il désespérait de parvenir à se faire aimer de Dame Gabrielle. Un mur, entretenu consciemment ou non, les séparait depuis le premier jour et malgré un amour sincère pour la jeune femme, Kannto n'était pas parvenu à le surmonter.

La moindre preuve d'affection était tournée en ridicule comme un signe de faiblesse et chaque décision quant à l'avenir du domaine donnait lieu à d'interminables échanges acides. Lui aussi n'était pas en reste et avait souvent vengé son ego en émettant des jugements acerbes sur les manies de Gabrielle. Comme celle qui consistait à s'entourer d'une armada de servante qu'elle employait à surveiller et espionner le moindre des faits et gestes de Kannto.

A n'en pas douter, l'une d'entre elle se trouvait en ce moment même en train d'écouter à la porte. "Qu'elle espionne donc, pensa-t-il, les probables menaces du Chevalier lui feront certainement plaisir"

"Je vous écoute Chevalier, que me vaut l'honneur de votre présence en mes humbles terres"

Le Chevalier, qui n'avait marqué aucune révérence ou signe de respect, interrompit son examen de la pièce pour répondre à Kannto.

"Par ordre du Roi, je suis ici pour vérifier les rumeurs concernant votre domaine. Il semblerait qu'un individu provoque des troubles et se moque ouvertement de son Altesse. Une femme semble-t-il."

Derrière ses mots se cachait un mépris évident.

Kannto fut brièvement déstabilisé. S'il s'attendait à un prétexte quelconque pour remettre en question ses droits sur ce territoire, il n'avait pas envisagé que ce put être celui-là. Il avait effectivement eu vent d'une femme posant de légers problèmes au sein des villages environnant mais rien que la milice locale ne puisse contenir. Et aucune déclaration irrespectueuse envers le Roi ne lui avait été indiquée.

"- Afin de régler cet incident, poursuivit le Chevalier, nous avons pour instruction de mener une enquête minutieuse dans l'ensemble des habitations voisines. A cette fin, les Chevaliers de l'Eguemarine réquisitionnent votre domaine et vous transmettent l'ordre du Roi vous demandant de vous placer sous notre commandement.

- Mais, répliqua Kannto en tentant tant bien que mal de maitriser son indignation, la personne d'une simple paysanne ne peut raisonnablement pas être la cause d'un tel déploiement de force, je puis vous assurer que les milices locales sauront parfaitement...

- Remettez-vous en cause la parole du Roi ?

- Non, bien sûr que non...

- Nous vous solliciterons donc dans une semaine pour établir ensemble un relevé de ses derniers agissements. D'ici là, nous installerons nos quartiers dans cette demeure et vous remercions de votre loyauté en ces temps troublés. Bien le bonsoir."

Sur ces mots, le Chevalier quitta la pièce, laissant le seigneur Kannto abasourdi et choqué.

Khaos Farbauti Ibn Oblivion

Auteur: Khaos Farbauti Ibn Oblivion

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KannTo (Fanatique) ·  05 avril 2006, 15:11

Bon, c'est juste ... excellent ...
Au delà de ton style qui est idéal (pour moi en tout cas), le mélange que tu fais (ou du moins que je crois relever) de ce qui est une fiction médiavale et de ce que les blogs peuvent laisser paratre de leurs auteurs annonce quelque chose de très savoureux ...
Bah, je n'arrive même pas à être dithyrambique, je suis trop soufflé du plaisir que j'ai pris à lire ces lignes . Sincèrement (et avec beaucoup de respect)

KannTo (Fanatique) ·  05 avril 2006, 15:13

Juste pour rajouter que, pour le coup, à la fin de cette partie, j'étais "accroché". Dans mon référentiel, les livres qui m'accrochent aussi rapidement se compte sur les doigts de deux mains ...

Khaos Farbauti Ibn Oblivion (Toujours là) ·  05 avril 2006, 15:23

Mince...je vais encore devoir changer de chaussures ;)

En tous cas je suis ravi de voir que jusqu'ici l'accueil est plutôt favorable. Entre ma conception très cinématique des histoires (déformation de rôliste) et le format blog, j'ai un peu de mal à "doser" mes textes.

7h48 (Ami) ·  05 avril 2006, 15:33

la suite! la suite! la suite!

Khaos Farbauti Ibn Oblivion (Toujours là) ·  05 avril 2006, 15:40

Mis à part les éléments d'intrigue générale je n'ai hélas que 30 minutes par jour pour écrire les textes. Et pas tous les jours en plus, selon la charge de travail. Dès que j'ai ma pause complète j'écris et poste la suite (au risque d'y laisser moult fautes d'orthographe faute de relecture suffisante) mais je ne peux hélas pas aller beaucoup plus vite. (Ou alors je change de boulot et je vis de mon "art")

eguemarine (Ami de toujours) ·  05 avril 2006, 17:41

pff toujours pas de bouton pour la page suivante...

c'est super, continnue...

Gabrielle (Ami) ·  05 avril 2006, 19:36

Ahh, des noms connus ! Bon, c'est un moyen de plus d'accrocher tes lecteurs... et ça marche ! (quoique au vu des rôles que tu nous donnes, je me demande quel sont tes critères...;)) Bon, pour être originale, vivement la suite !

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